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L'huître de la Baie de Morlaix

Premier centre ostréicole du Finistère

L'huître en Baie de Morlaix

La Baie de Morlaix est le premier centre ostréicole du Finistère, et l'un des plus important de Bretagne. La qualité des eaux et le profil géomorphologique de la Baie de Morlaix avec de grandes étendues d'estran expliquent en partie cette spécificité. Ensuite ce sont les hommes du territoire qui cultivent depuis 130 ans ce fabuleux fruit de mer, avec passion et des savoir-faire reconnus.

L’élevage de l’huître est une composante forte de l’économie sur le territoire de la Baie de Morlaix depuis la première implantation en 1892 d’un chantier ostréicole au Dourduff en Mer, suivie d’autres à Carantec.

L’existence de bancs d’huitres sauvages en Baie n’avait pas échappé à la population qui allait lors de la basse mer se servir avant que les marins ne viennent draguer les fonds. Ceux-ci conservaient le produit de leur pêche dans des réservoirs sur la grève où les commerçants locaux et même anglais venaient se disputer la marchandise.

Réglementation et premiers aménagements de parcs ostréicoles

Une loi de 1852 a réglementé cette exploitation des huîtres et a obligé à immatriculer ces dépôts, y compris lorsqu’il s’agissait d’une semi-barrique de 60 cm de diamètre installée sur la grève par une aubergiste de Locquénolé.

Puis vint la période d’aménagement de parcs ostréicoles dotés de petits murets où les marins procédaient à l’élevage de ce mollusque. Ainsi, en 1884, Victor Fallague, commandant d’un trois mats, obtient une concession d’un peu plus de deux hectares à l’embouchure du Dourduff. D’autres concessions ostréicoles, autour de Carantec et Plouezoch sont accordées alors par l’administration, notamment à des marins venus du sud-ouest. Preuve sans doute de la qualité des eaux de la Baie.

Ce sont les prémices de l’industrie ostréicole qui passera par le captage de naissains. Mais c’est entre les deux guerres que se développeront les installations ostréicoles avec des familles qui abandonneront la pêche pour se consacrer entièrement à l’ostréiculture. D’autant qu’entre 1930 et 1935, l’herbier disparait et libère d’immenses étendues de vasières à sol dur propices à l’élevage des huîtres.

Naissance du Syndicat Ostréicole de la Région de Morlaix

En 1937, le SORM -Syndicat ostréicole de la région de Morlaix- voit le jour et est déclaré à la sous-préfecture. Il compte 7 membres qui exploitent 25 hectares. Leur nombre grandira au fil du temps pour atteindre 31 ostréiculteurs et 95 hectares de parcs à huîtres en 1939.

En 1955, ils seront 220 exploitants ostréicoles qui se partagent 580 hectares et commercialisent plus de 1000 tonnes d’huîtres, dont une proportion d'huîtres plates nettement plus importante qu'aujourd'hui.

Les professionnels choisissent rapidement d’aller chercher les larves d'huîtres et leur naissain en Bretagne sud ou en rade de Brest parfois, et de se consacrer au développement des huîtres juvéniles et à leur grossissement. Soit sur parc au sol, mais aussi en poches sur tables qu’il convient de retourner régulièrement.

L'épizootie de 1972

Cette industrie ostréicole a connu des moments difficiles en 1972 avec l’arrivée d’un parasite, le « bonamia » qui a fait disparaitre la « belon », l’huître plate cultivée dans la Baie de Morlaix. Il a fallu l’importation d’une variété japonaise, la « gigas » pour que l’ostréiculture redémarre dans le Finistère nord. Une véritable reconversion.

Révolution génétique dans les années 90

Enfin, l’ostréiculture a connu une révolution dans les années 1990 avec l’apparition des triploïdes. L’huître gigas est hermaphrodite et donc peu consommée dans la période reproduction -l'été quand les mois ne sont en pas en "r"-, saison où elle est laiteuse. D’où l’idée de chercheurs de créer une huître creuse, la triploïde qui contient trois jeux de chromosomes au lieu de deux. Elle est donc stérile et ne produit pas de laitance.

Sa croissance est plus rapide. Elle peut donc être commercialisée plus rapidement et consommée toute l’année. Le naissain de ces huitres est « fabriqué » dans des écloseries.

L'huître dans les années 2000

Aujourd’hui, l’activité ostréicole de la Baie de Morlaix s’étale sur 700 hectares de parcs exploités par 60 ostréiculteurs qui cultivent des huîtres creuses naturelles et triploïdes, mais aussi des plates à l’aide de juvéniles généralement importés d’Irlande. La production annuelle est évaluée à près de 6000 tonnes.

La plus grosse huître du monde

A noter que la plus grosse huître du monde a été récoltée en Baie de Morlaix par l’entreprise Berder de Carantec. Elle faisait 26,5 cm de long, 13 de large et pesait 2,22 kg. En fait ce sont 2 huîtres trouvées successivement en 2019 qui sont les plus grosses du monde jamais récoltées. Agées de probablement de plusieurs dizaines d'années, elles attestent que le territoire Baie de Morlaix est proppice au développement de l'huître.

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 Parcs et tables à marée descendante, côté rivière de Morlaix - Copyright Pascaline Noack

Débarquement de poches en Baie de Morlaix Scène de la vie ordinaire du côté des chantiers ostréicoles, les huîtres amenées par chaland au bord sont déchargées par tracteur ©PC
Huîtres creuses n°3 fraichement ouvertes Corps bien charnue, ferme en bouche, finement iodée, tirant plutôt sur les bruns que sur les verts, voilà comment on reconnait l'Huître de Carantec qui a grandit en Baie de Morlaix. ©Gireg Berder
Dragues sur un dragueur en Baie de Morlaix Les dragues servent à ramasser les huîtres qui sont sur le sol pour ensuite les ramener à terre, les trier et les commercialiser. ©GB
Parcs à huîtres se découvrant en Baie de Morlaix Depuis le sentier douanier qui fait le tour de la pointe de Pen al lann, à Carantec, les tables des parcs ostréicoles participent à structurer le paysage de la baie. ©Pascaline Noack
Parcs à huîtres de la Penzé Vue de l'île Callot sur les parcs de la Penzé, en Baie de Morlaix ©Pascaline Noack
Ostréiculteurs sur les parcs A la marée basse, les ostréiculteurs se rendent sur les parcs pour retrouner les poches d'huîtres sur les tables afin de leur permettre de bien grandir ©Pascaline Noack
Ostréiculteurs fixant une poche d'huître sur la table Les poches doivent être solidement fixées sur les tables pour ne pas s'en aller au gré du courant ©Pascaline Noack
Travail d'ostréiculteur sur les parcs Ramassage de naissains sur les parcs ostréicoles ©Gireg Berder
Coupelles de collecte de larves d'huîtres Les larves se posent sur les coupelles. Elles grandissent et deviennent des naissains. Ceux-ci sont délicatement décollés pour être mis en poches ou semés directement sur l'estran pour se développer. Au bout de 3 années environ, elles sont commercialisables en n°3. ©Gireg Berder